Procès contre « Water Makes Money »: Sur les quatre chefs d’accusation trois de gagnés. On peut continuer à parler de « corruption » quand s’en est une, mais…
Dans le procès verbal de la multinationale de l’eau Veolia contre le film « Water Makes money » le jugement a été rendu le 28 mars 2013 à Paris. Le prononcé oral du jugement fait apparaître essentiellement ce qui suit : En substance la plainte de Veolia a été rejetée : Les faits mentionnés dans le film ne sont pas contestés et peuvent, à l’avenir, être appelés « corruption » dans Water Makes Money. Les témoignages devant le tribunal de même que des exemples donnés par le film constituent, selon le verdict, une base factuelle suffisante pour juger la désignation « corruption » justifiée et non diffamatoire. Dans ce contexte on a rappelé entre autres les conflits d’intérêt entre la politique et l’économie montrés dans le film : les exemples de corruption de Grenoble et Montpellier et le droit d’entrée à Toulouse.
Or malheureusement le tribunal est venu à la rencontre de la multinationale sur un point : Il est vrai que le tribunal a jugé improuvable la déposition du whistleblower Jean-Luc Touly qu’on lui aurait proposé un million d’euros. Le « corrupteur » et celui qu’on voulait corrompre étaient seuls. Mais le tribunal a opté pour la version de Veolia. Quoique le procès ait montré plus que clairement que de tels pots- de -vin sont à l’ordre du jour chez les multinationales privées de l’eau, ce passage doit être supprimé dans la version DVD française.
En plus de ça une imprécision de Jean-Luc Touly est sanctionnée. Dans le même passage il prétend avoir été bombardé de procès et de les avoir tous gagnés. Le fait est qu’il les a tous gagnés sauf un. Là il a été condamné à un euro à titre de dommages-intérêts et deux passages complètement sans importance ont dû être supprimés dans son livre. On comprend que Jean-Luc Touly ait ressenti ceci comme une victoire. Finalement le livre a pu paraître, contrairement à la plainte de son employeur, sans coupures importantes. Néanmoins le tribunal a décidé que ce passage de la version DVD française devra également être supprimé. C’est pourquoi Jean-Luc Touly et l’organisation de la distribution de film française sont condamnés à une amende de 1000 € respectivement 500 € avec sursis et doivent payer en plus un Euro symbolique à chacune des parties civiles.
Probablement la version ARTE de même que toutes les autres versions internationales du film – y compris la version allemande – ne seront pas concernées par la censure du passage. Elles pourront toujours être montrées sans être censurées.
Jusqu’à présent dans les rapports des médias la teneur prédominante est : « Multinationale de l’eau remporte la victoire au tribunal ». Ceci dissimule le fait que tout de même trois des quatre chefs d’accusation de Veolia ont été rejetés par le tribunal. « Water Makes Money » est donc confirmé par ce tribunal, à l’exception d’un passage qui n’est pas essentiel pour le film.
La punition des collègues français et la censure du film sont scandaleuses – surtout sur le fond de la corruption - confirmée à plusieurs reprises au cours du procès - de la multinationale privée de l’eau Veolia qui reste impunie. Nous soutenons Jean-Luc Touly dans son intention de se pourvoir en cassation.